Questions fréquentes ...



Quel est le principe du tatouage ?  

Il s'agit d'introduire dans la peau des matières colorantes (pigments) :
la couleur ainsi introduite apparaît ensuite par "transparence"
après cicatrisation de la plaie provoquée par le piquage.

La peau est composée de trois couches (épiderme, derme et hypoderme) :
l'encre est déposée par l'aiguille au niveau des papilles dermiques,
dans la partie supérieure du derme, juste en dessous de l'épiderme.
 
La profondeur de la piqûre varie en fonction des types de peaux
et des parties du corps :
entre 1 et 4 mm, les zones les plus épaisses se situant dans le dos.



Tous les types de peaux peuvent-ils être tatoués ?
 

A priori oui, du moment qu'elles ne sont allergiques à aucun produit ou encre utilisés pour le tatouage.
Il faut cependant savoir que le "rendu" des couleurs (dont le noir) varie selon la pigmentation naturelle de la peau :
injustice épidermique, les peaux claires, plus fines et donc plus "transparentes", donnent les tons les plus éclatants ; les peaux très foncées à noires quant à elles,
sont généralement limitées à accueillir du noir, seule couleur qui "transparaît" à travers l'épiderme, plus épais.
Par ailleurs, une peau trop foncée rend le tracé délicat, c'est un peu "comme faire un dessin au crayon noir sur une feuille noire", explique Fabrice [Screaming Needle à Lyon].
Les peaux "à problèmes" doivent susciter une attention particulière, voire une contre-indication au tatouage :

> Acné.

Une peau acnéique doit être traitée avant d'envisager un tatouage. A savoir qu'un traitement sous Roaccutane® assèche la peau, peut provoquer des démangeaisons,
et ralentit la cicatrisation :
le tatouage est déconseillé, sinon doit être suivi si possible par un dermatologue.

 > Psoriasis.

Le tatouage représente un traumatisme pour la peau susceptible de révéler un psoriasis chez les personnes déjà atteintes.
Dans la pratique, on observe peu de psoriasis persistant sur les tatouages
s'il n'y a pas de lésion avant 6 semaines après le tatouage.

> Eczéma.

Un traitement sous cortisone doit proscrire absolument un tatouage.
Il est nécessaire d'attendre plusieurs mois après la fin d'un traitement avant d'envisager un tatouage sur une zone qui n'a pas montré de signes d'eczéma.

> Vitiligo.

Lorsqu'on tatoue une plaque de vitiligo, les pigments du tatouage "virent".
Par ailleurs, le vitiligo est une maladie immunologique :
le tatoueur, en piquant une personne atteinte, risque fort de déclencher une poussée
de vitiligo.



Précautions particulières.

> Grains de beauté.

Ils ne doivent pas être tatoués (le tatoueur peut les contourner), parce qu'un tatouage pourrait gêner la surveillance de leur éventuelle évolution.
Les tâches de rousseur, sans relief, ne présentent a priori aucun inconvénient médical à être piquées.


> Cicatrices.

Elles peuvent être tatouées si elles sont suffisamment anciennes (d'au moins un an). Les chéloïdes (hypertrophies cutanées qui se développent sur une cicatrice) contre-indiquent totalement le tatouage.


> Bronzage
.

Evitez de bronzer votre peau au moins pendant un mois précédent une séance de tatouage : une peau récemment bronzée peut gêner le travail du tatoueur
(peaux mortes qui apparaissent lors de l'encrage).


> Les mains et les pieds.

Les tatouages sur la plante des pieds, sous les orteils, sur la paume des mains et sur l'intérieur des doigts sont très difficiles à tatouer car la peau est très épaisse.
De plus, ils ne tiennent généralement pas dans le temps car l'effet de transparence
est quasiment nul et que la peau sur ces zones se renouvelle rapidement.


> Mal... comment ?


“Le tatouage, ça fait moins mal qu'on pense et beaucoup plus qu'on l'imagine.
En fait, ce que tu ressens, ça correspond au martèlement d'un stylo à pointe fine s'enfonçant à toute vitesse dans la chair. C'est le principe de la machine à coudre.
Il y a des zones supportables et d'autres où tu fais moins le malin.”
Extrait du spectacle "L'homme tatoué" de Pascal Tourain.
Texte paru aux © Editions du Yunnan, 2004


>Partie intégrante du tatouage.

Pour certains, la douleur revêt un caractère rituel. De là à prétendre que cette douleur est recherchée et apporte du plaisir à la personne qui s'y soumet... cette attitude sado/maso existe peut-être mais ne concerne qu'une infime part des tatoués !La plupart des candidats au tatouage estiment simplement que se faire tatouer étant un acte volontaire, la douleur n'est pas "subie" de la même manière que si l'effraction cutanée n'était pas choisie... "Sentir" le tatouage fait partie de la démarche... Supprimer la douleur revient à banaliser l'acte... “Un tatouage, ça se mérite. Indolore, ça reviendrait, si t'étais alpiniste, à te faire poser en hélicoptère sur le sommet de l'Himalaya pour planter ton petit drapeau sans que tu aies eu l'escalade à effectuer.
Où serait le plaisir ?
C'est une épreuve initiatique non pas que tu t'infliges mais que tu t'offres.
” Extrait du spectacle "L'homme tatoué" de Pascal Tourain.
Texte paru aux © Editions du Yunnan, 2004

Il semble plutôt que chaque candidat au tatouage tâche de relativiser la douleur perçue à sa façon : c'est plus "désagréable" que franchement et systématiquement douloureux, c'est une épreuve nécessaire pour mériter le tatouage, la douleur renforce le souvenir de la marque...“La douleur est une sensation désagréable, associant des expériences émotionnelles, physiques et psychologiques. Elle dépend de la stimulation et de la façon dont on l'interprète, en fonction d'une humeur et des expériences antérieures.”
Citation du Docteur  Boulu - neurologue - lue dans Tatouage Magazine

Ses mécanismes ne sont que partiellement expliqués par la science. Une certitude cependant : nous ne sommes pas égaux face à la douleur. Lors du premier tatouage,
on accumule un certain stress et la surprise de la sensation... C'est alors souvent le début d'une longue série, où chacun gère la douleur à sa façon...
ou bien c'est le dernier et plus jamais on ne voudra revivre ce "mauvais moment" !


>Bien vivre la douleur
.

Il existe quelques traitements médicamenteux, mais rappelez-vous que la plupart d'entre eux doivent être utilisés sous contrôle médical.
Je pense notamment à l'Emla® (crème ou patch), utilisé en France  par certains tatoueurs... Il s'agit d'un anesthésique local, délivré sur ordonnance. Le recours à un tel produit est à déconseiller pour plusieurs raisons :

> Il
est conçu essentiellement en prévention de la douleur pour des actes tels que prise de sang, piqûre, pose d'un cathéter, ou actes chirurgicaux superficiels, donc pour des surfaces le plus souvent très réduites (moins de 10 cm2) et ne doit pas être utilisé pour des grandes pièces ;

> Hors
du contexte médical, son utilisation est fastidieuse : la crème doit être appliquée 1 heure avant l'acte, l'effet anesthésique étant "optimal" 2 heures après l'application.
Au-delà l'effet diminue et disparait 4 heures après l'application. Ces durées varient bien entendu en fonction de la dose appliquée et de l'épaisseur de la peau. Et lorsque l'effet anesthésique disparait...
la peau devient encore plus sensible;

> Il
est indispensable de bien connaitre les contre-indications, les précautions d'emploi, les interactions médicamenteuses, ainsi que les risques en cas de surdosage;

> Plusieurs
tatoueurs ont constaté une nette modification de la peau, occasionnant une gêne pour leur travail, et des conséquences non négligeables sur l'aspect des couleurs après cicatrisation...



L'homéopathie peut éventuellement constituer un bon compromis. Dans des cas rares et extrêmes (séances de plusieurs heures de travail), il arrive que des tatoueurs aient recours à la morphine : mais en aucun cas ce n'est à lui de procéder au dosage et à l'injection ou l'ingestion !!!


                              Cela relèverait de l'exercice illégal de la médecine...
                                      ou du trafic de stupéfiant.



Le meilleur remède reste le mental.
Un moyen de limiter la douleur consiste à maintenir ses muscles entièrement détendus tout au long de l'exécution. Le stress individuel exerce par ailleurs une grande influence, tant sur la douleur que sur la facilité de prise de la couleur durant la réalisation du travail. Mieux vaut donc éviter de se faire tatouer en période de nervosité extrême.

Dès le soir précédent la séance, ni aspirine, ni alcool :
ces derniers fluidifient le sang et accentuent le saignement de la zone à tatouer...
Ce n'est pas forcément douloureux mais cela peut gêner le travail du tatoueur...  
Par extension, ne prenez aucune substance psychotrope (médicaments, drogues douces ou autres), tout simplement pour être parfaitement clair pendant la séance...

A l'attention des novices, sachez que le tatouage par un dermographe (le plus répandu) est bien moins douloureux que le piquage manuel, qui suscite encore
- à nouveau ?
- l'intérêt d'un nombre important de tatoueurs et de tatoués de tous les continents.
Les séances de tatouage "à la main", spectaculaires, intriguent et fascinent toujours, mais sont particulièrement longues et douloureuses...
Dans le cas du dermographe, la douleur, intense dès les premiers coups d'aiguilles, s'atténue au bout de quelques minutes grâce à vos endorphines - substances sécrétées par le cerveau et présentant les propriétés antalgiques de la morphine -, pour redevenir assez insupportable si la séance dure plus de 3 ou 4 heures...

“Il était assis à côté d'elle, tel un grand et massif écolier studieux penché sur ses devoirs, la machine ronronna doucement, puis elle entendit le léger crissement de l'aiguille pénétrant dans la chair. Oh, nom d'un chien, dit-elle après quelques minutes, j'avais oublié combien ça fait mal.”

Lu dans "Peau d'encre" de Bernard Blangenois
© Editions Robert Laffont, Paris, 2001